Mes mains, sur lesquelles, je pleure aujourd’hui,
Vous avez tout enduré, tout subi,
Des larmes vous en avez reçues,
Et séchées, bien plus qu’il n’aurait fallu.
Ni belles, ni sexy, les ongles cassants et courts,
Toujours en partance pour l’amour,
Chaudes et aimantes,
Insatiables et accueillantes,
Douces et friponnes, aptes à susciter le désir,
Habiles à donner du plaisir,
Elles se contentent maintenant,
De caresser des têtes d’enfants,
Un chat, un chien passant,
A serrer des mains amies gentiment,
Elles n’ont jamais fait de manière,
Conscientes d’être des mains ouvrières,
Déformées par les missions accomplies,
Elles tremblent sous leurs plis,
Sèches, tâchées et ridées,
Leurs veines bleues et saillantes marquent le temps passé,
La rigueur des chemins empruntés,
La dureté de ces routes imposées,
La difficulté du labeur,
L’exigence assignée aux travailleurs.
Désormais douleurs et plus très alertes,
Elles demeurent malgré tout ouvertes,
Généreuses,
Placides et quelque peu rugueuses.
Mes mains dans chacune de vos ridules meurtries,
C’est la mémoire de toute une vie qui se lit.
Sans commentaire