LA RENTREE

Les souvenirs d’école de mon enfance,

Sont un mélange de sons et de fragrances.

Le fumet de l’automne sur le chemin

Tenant ma grand-mère par la main,

L’estomac serré, mais fière, tout de neuf vêtue,

Dans une robe en velours qu’elle m’avait cousue,

Cachée bien sûr, sous l’obligatoire, tablier,

Les pieds serrés dans mes nouveaux souliers.

L’appel, de la sonnerie, strident,

Intimant aux élèves de se mettre en rang,

Suivi d’un silence de plomb,

Attendant d’entendre son nom,

Egrené par la directrice,

Découvrant, ainsi, notre future institutrice.

Puis, l’odeur de propre de la salle de classe,

La maîtresse nous désignant nos places,

Derrière des bureaux de bois, sentant bon l’encaustique,

Prêts, pour les premiers cours de mathématiques.

Mais avant, le parfum du neuf, livres et cahiers,

Qu’a chacun de nous, notre maîtresse distribuait,

Avec les stylos, les gommes, les crayons,

Le porte-mines, l’ardoise, le chiffon.

Ce sont des cris dans la cour de récréation,

Des bruits de courses, de grandes discussions,

Un brouhaha incompréhensible de rires et de voix,

Naissance d’amitiés, périodes de jeux et de joies.

Le froissement de l’alu qu’on déplie,

Découvrant l’arôme de divins biscuits.

Puis c’est le crissement de la craie,

Pour les premières leçons de français,

La distribution de polycopiés,

Embaumant l’alcool à brûler,

Composés de mots à l’encre violette,

Dans une écriture, liée et déliée, parfaite.

De la colle blanche, le bouquet,

Les fixant, pour l’année, dans notre carnet.

C’est aussi le chant des multiplications,

La douce litanie des récitations,

Avant le timbre tant attendu,

De la liberté, du retour à la rue.