Un loup borgne aux dents longues et acérées voulait prendre la tête de la bergerie et montrer aux coqs qui tenaient le pouvoir qu’il méritait cette place.

Dans la cour de la ferme, il rassembla tout le monde et tint un discours grandiloquent sur la couleur des moutons narguant que moutons noirs et moutons blancs ne se valaient pas, que la bergerie appartenait aux moutons blancs et que les moutons noirs devaient rentrer chez eux et pouvaient même être dangereux.

Au départ, les moutons furent un peu effrayés par l’ampleur des propos rappelant un ancien loup voisin dont ce genre de déclaration avait eu de graves conséquences. Il parlait haut et fort, semblant bien sûr de lui. Devant cette assurance, les coqs se demandèrent même s’il ne fallait pas lui couper l’herbe sous le pied et l’empêcher de s’exprimer mais se croyant plus malins et plus intelligents, ils laissèrent le loup faire, tant et si bien, que certains moutons blancs se sentir convaincus du bien-fondé de cette théorie. Il restait, cependant, mal venu de se revendiquer « louviste » et c’est en catimini que l’on votait pour lui.

Jusqu’à ce jour d’avril, où quelle ne fut pas la surprise, le loup se retrouvait au deuxième tour de l’élection de la bergerie, forçant les moutons bien conscients du danger à voter pour le mauvais cheval.

Mais notre loup, était devenu vieux, il confia donc les clefs à sa fille lui demandant en retour d’être seigneur à vie !

Jeune louve, plus maligne et mieux éduquée, modernisa ses propos et repris les rênes de forts belles manières. Elle mit des formes aux mensonges de papa qui parurent différents et il ne fut plus tabou de soutenir la louve. On se mit à entendre dans les coins et recoins du domaine, dans la bouche de certains moutons blancs, sans qu’ils rougissent de honte :

« Il faut se méfier des moutons foncés », ou encore « la bergerie appartient aux moutons blancs » et même : « les moutons noirs sont dangereux, ils mangent notre herbe, font trop de petits et ne participent pas aux travaux quotidiens, des fainéants qui profitent !

Emportée par l’euphorie, la louve poussa le vieux loup de son banc en mettant la totalité de son gros postérieur sur celui-ci et poussant l’audace jusqu’à priver le vieux loup de sa seigneurie.

Le vieux cria à la félonie, tapant du poing sur la table pour qu’on lui rende son bien, rageant la bave aux lèvres, la priant de se marier pour ne plus salir son nom, n’hésitant pas à la renier.

Les moutons blancs qui l’avaient soutenu naguère et encourageant maintenant la louve déclarèrent le vieux loup sénile excusant ses abus de langage mais lui imposant de laisser, désormais, la jeune louve, manager.

Les autres moutons pensèrent qu’une nouvelle tête de loup à la place d’une vieille tête de loup ne remettait rien en cause et que le discours de fond était bien le même et ne pouvait que mener à une catastrophe mais la laissèrent s’exprimer au nom de la démocratie.

MORALITES : 

Un loup est un loup

Le pouvoir est plus fort que les liens du sang

Moutons blancs, moutons noirs, respectons-nous et empêchons les loups de diviser pour mieux régner.

 

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