J’ai vécu ce petit moment à la plage
Comme une parenthèse avant le point final.
Je savais que c’était la dernière fois,
Avant la vie… sans toi.
Ce soir, le temps avait une toute autre valeur,
Chaque seconde valant de l’or,
Et j’aurais voulu être milliardaire
Pour acheter le temps et que le jour ne finisse jamais,
Mais il me filait entre les doigts,
Devant ce paysage, que tu sais, j’affectionne,
Et qui, aujourd’hui, ne m’intéressait pas,
Aujourd’hui, ici ou ailleurs ne voulait plus rien dire.
Aujourd’hui, seul comptait d’être avec toi,
Et seulement d’être avec toi.
Et, comme le temps passait sans que je ne puisse rien y faire,
J’ai tout enregistré dans ma mémoire.
Chaque regard échangé, le doux vert de tes yeux,
Chaque ride au coin de ces lacs verts,
Le grain de ta peau sur ton visage couleur abricot en cette saison,
Ton sourire charmant et charmeur,
Ta voix si particulière, ton parfum,
J’ai noté la façon dont tu étais habillé.
Assise, en face de cette grande bleue,
Contre toi, je me suis blottie profitant du silence
Et j’ai tout emmagasiné pour ne rien oublier,
Le son du vent, le bruit de la pluie,
Les mouettes tourbillonnants,
Les enfants qui criaient,
Les allers-venues dans la rue,
Les frissons d’émotion et de froid qui me transperçaient.
Toutes les images, les odeurs et les sons d’un court métrage,
D’un drame en devenir où l’on sait que l’histoire est trop belle pour bien se terminer.
La glace que j’ai mangé gardera un goût unique gourmand et amer à la fois.
Puis, nous sommes rentrés, tu m’as raccompagnée,
Et nous nous sommes donnés l’un à l’autre une dernière fois,
Un amour appliqué et sensuel pour ne rien regretter,
Une sensualité qui ne peut exister que lorsque l’on sait que c’est la dernière fois.
Une tendresse et une jouissance inouie qui vous prend par surprise,
Dans l’intense et les larmes.
Là, encore, mémorisant chacun de tes muscles, tes mains, ton dos,
Chaque grain de beauté,
La chaleur de ta peau, celle de nos baisers, de nos caresses,
Ton odeur charnelle et la douce fragrance de nous deux mélangés.
Je t’ai laissé partir… Triste, sans effusion,
Sans même essayer de te retenir,
Ne retenant que mes larmes pour ne pas accentuer cette difficulté à te laisser aller.
Tu as refermé sur toi, la porte,
L’avenir ne m’appartient plus,
L’avenir est dans ton coeur, dans tes mains,
Et je me prépare au chagrin.
Je sais qu’il me faudra du temps et beaucoup de courage,
Je ne sais si je suis prête mais je n’ai pas le choix,
Rien ne dépend plus de moi,
J’ai fait et dit ce qu’il fallait,
On ne peut obliger personne à aimer,
Ni même à pardonner,
Chacun à ses limites, son égo,
Sa vision de la vie, sa vision de l’amour.
J’ai vécu ce petit moment à la plage,
Comme une douce parenthèse avant le point final.
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